06/01/2023
Depuis qu'elle a emménagé dans la demeure du vieux McMartin, Olive en a vu de toutes les couleurs : objets ensorcelés, peintures vivantes, chats qui parlent... Pourtant, elle n'est pas au bout de ses surprises car l'horrible Annabelle McMartin a réussi à s'échapper des tableaux magiques et semble déterminée à libérer les forces les plus maléfiques de la vieille masure...
"Un jour, viendra une enfant qui détrônera un roi et amènera un grand changement. »
Il était une fois une fillette qui avait perdu la mémoire et savait seulement deux choses : elle s'appelait Beatryce et on l'avait trouvée dans la bergerie d'un monastère. Frère Edik, qui l'avait secourue, en était certain : elle était promise à un destin hors du commun.
Mais qui était vraiment Beatryce ? Et quels secrets avait-elle enfouis loin, très loin dans sa mémoire ? Pour le savoir, il fallut d'abord qu'elle échappe aux soldats du roi lancés à ses trousses...
Au soir d'une vie consacrée à l'exploration de l'âme humaine, Freud affirme que ceux qu'il désigne comme « animaux supérieurs », qui ont notamment connu une période de dépendance dans l'enfance, ont le même appareil psychique que l'homme. Cette affirmation est rendue possible grâce à une conception du psychisme plus profonde que celles qui lient inconscient et langage. Elle fait appel à l'histoire de l'évolution et pense une commune condition des êtres vivants, nés et mortels. Si Freud extrapole sa thèse de l'inconscient, du moi et du surmoi aux animaux supérieurs, ce n'est donc en rien par anthropomorphisme. Il s'agit plutôt d'un constat, désormais étayé par l'éthologie et la psychiatrie vétérinaire, qui décrivent des conflits intérieurs et traitent de psychopathologies.
Par-delà la pleine reconnaissance d'une vie consciente, la prise en compte de l'inconscient des animaux renouvelle notre compréhension philosophique du psychisme, aussi bien humain que non-humain.
Florence Burgat est philosophe, directeur de recherche à l'INRAE, affectée aux Archives Husserl (ENS Paris). Elle travaille sur la condition animale, notamment sous un angle phénoménologique. Elle est entre autres l'auteur de L'Humanité carnivore (Seuil, 2017) et de Qu'est-ce qu'une plante ? (Seuil, 2020).
Péril climatique, extinction des espèces, pollutions… N’en jetez plus ! Démoralisée par la litanie des mauvaises nouvelles, la journaliste Dorothée Moisan a décidé de réagir. Refusant de céder à l’éco-anxiété, elle est partie en quête de personnalités qui, bien qu’aux premières loges du désastre, trouvent des raisons de vivre, de lutter, et d’être heureux.Car effondrement ou pas, on peut garder la pêche ! C’est ce que révèlent ces portraits d’écologistes inspirants : non seulement ils ne se laissent pas abattre, mais rebondissent par l’action, la créativité, le rire, la transmission ou l’engagement. Pleinement conscients de la catastrophe écologique, l’humoriste Guillaume Meurice, le jardinier Gilles Clément, la maire Léonore Moncond’Huy, la glaciologue Heïdi Sevestre, l’ingénieur Corentin de Chatelperron, l’écologue Franck Courchamp, la facilitatrice de transition Anne de Béthencourt, l’étudiante Louise Arrivé ou le père de famille Guillermo Fernandez arrivent encore à s’amuser. Ils ont trouvé l’astuce philosophale pour se battre en gardant le sourire et nous livrent leurs réjouissantes recettes de survie. Afin que nous devenions, nous aussi, des écoptimistes !Dorothée Moisan, journaliste d’investigation, a choisi d’explorer les abîmes climatiques et environnementaux. Elle a publié notamment Les Plastiqueurs. Enquête sur ces industriels qui nous empoisonnent (Kero, 2021) et Le Justicier. Enquête sur un président au-dessus des lois (Editions du Moment, 2011).
Qui est le docteur Schütz, pauvre réfugié allemand, qui arrive à Paris à l'automne 1938 quand les lois du Reich nazi interdisent sa profession aux Juifs ? Raymonde, jeune pharmacienne et mère de la narratrice, lui vient en aide jusqu'à ce que, les soldats allemands occupant la moitié du pays, il révèle sa véritable identité. Cet antinazi convaincu se portera au secours de la famille juive de notre autrice. Et, malgré tout, la tragédie se noue au fin fond de la France collabo.
Dans ce roman vrai, Catherine Clément, plus vive que jamais, fait souffler le grand vent de l'Histoire. Autour des vies sauvées ou perdues de ses proches, elle brosse à grands traits les mille événements du drame absolu qui se joue alors dans l'Europe entière. Tout en faisant oeuvre de mémoire, elle nous donne à lire ses pages les plus intimes.
Catherine Clément, philosophe, est l'autrice d'une soixantaine de livres, essais et romans.
Louis Witter a passé dix-huit mois dans le Nord-Pas-de-Calais. Dix-huit mois à enquêter sur la stratégie de politique intérieure lancée par Bernard Cazeneuve et renforcée par Emmanuel Macron et son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin : celle dite du « zéro point de fixation ».Caractérisée par des battues ou chasses à l’homme organisées toutes les 48 heures, cette stratégie de gestion policière des campements de migrants a pour but de dissuader les personnes de s’installer et de se regrouper : une manière de gouverner par l’image, l’exemple et la violence.Dans ce livre, à mi-chemin entre l’enquête et l’essai, Louis Witter montre comment la politique locale, le droit, les politiques institutionnelles et les pratiques policières œuvrent de concert pour légitimer toujours plus de violences envers les personnes étrangères.Un phénomène qui témoigne d’un rapport particulier, inquiétant et renouvelé que la police et l’État entretiennent avec l’étranger et la citoyenneté. Louis Witter est journaliste. La Battue est son première livre.
1973, Alabama. Civil Townsend est une jeune infirmière afro-américaine, fraîchement diplômée et embauchée dans un planning familial à Montgomery. Convaincue de l'utilité de son travail, elle est toute dévouée à ses patientes et assure les suivis de grossesse, mais aussi les prescriptions de contraceptifs aux jeunes filles à sa charge.
Lorsqu'elle rencontre Erica et India Williams, treize et onze ans, la vie de Civil va radicalement changer. Car, très vite, elle s'interroge : pourquoi doit-elle leur imposer une contraception alors qu'elles sont si jeunes ? Est-ce que la famille a donné son accord ? Prise de doutes, Civil commence à enquêter sur les pratiques en place dans le milieu médical de son époque. Au risque de perdre son emploi, elle mettra tout en oeuvre pour dévoiler une des politiques les plus innommables des États-Unis.
Inspiré de faits réels qui ont profondément marqué l'Amérique, ce roman est un témoignage percutant et émouvant, une leçon d'espoir et de dignité.
DOLEN PERKINS-VALDEZ enseigne la littérature à l'American University de Washington. Son troisième roman, Prends ma main, est sa première oeuvre traduite en France.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Emmanuelle Aronson.
Cent Ans de solitude. Épopée de la fondation, de la grandeur et de la décadence du village de Macondo, et de sa plus illustre famille de pionniers, aux prises avec l’histoire cruelle et dérisoire d’une de ces républiques latino-américaines tellement invraisemblables qu’elles nous paraissent encore en marge de l’Histoire, Cent Ans de solitude est ce théâtre géant où les mythes engendrent les hommes qui à leur tour engendrent les mythes, comme chez Homère, Cervantes ou Rabelais. Chronique universelle d’un microcosme isolé du reste du monde – avec sa fabuleuse genèse, l’histoire de sa dynastie, ses fléaux et ses guerres, ses constructions et ses destructions, son apocalypse – « boucle de temps » refermée dans un livre où l’auteur et le dernier de sa lignée de personnages apparaissent indissolublement complices, à cause de « faits réels auxquels personne ne croit plus mais qui avaient si bien affecté leur vie qu’ils se trouvaient tous deux, à la dérive, sur le ressac d’un monde révolu dont ne subsistait que la nostalgie ».« Gabriel Garcia Marquez a atteint l’expression la plus parfaite et la plus pathétique de la solitude de l’homme sud-américain. »Le Monde« Cent Ans de solitude est un chef-d’œuvre et certainement l’un des meilleurs romans latino-américains à ce jour. Marquez a réussi non seulement un best-seller, mais un best-seller qui mérite son succès. »TimesGabriel García Márquez est né en 1928 à Aracataca, village de Colombie, le Macondo dont parle une grande partie de son œuvre. Formé au journalisme, qu’il a toujours exercé avec passion, il a bâti une œuvre romanesque qui a fait de la Colombie un mythe littéraire universel.Gabriel García Márquez a reçu le prix Nobel de littérature en 1982.
Pouvons-nous réellement (ré-)habiter notre condition terrestre sans faire face à ce qui se joue au plus profond de nous-mêmes ? Si le capitalisme continue obstinément d’orchestrer une croissance économique mortifère et insoutenable, c’est qu’il se sert adroitement de nos fragilités existentielles. L’économie est en effet traversée d’enjeux tenaces et profondément enfouis, le plus souvent invisibles, comme le déni de la mortalité, la peur de la fragilité et de la souffrance, et l’angoisse du manque et de l’annihilation, qui peuvent court-circuiter notre capacité d’empathie et notre conscience environnementale pour faire de nous des êtres peu clairvoyants, impulsifs et parfois destructeurs.
La transition écologique implique dès lors non seulement des réformes structurelles de grande ampleur, mais aussi notre réinvention profonde en tant qu’êtres humains : nous avons à devenir lucides concernant les vulnérabilités existentielles qu’exploite en nous, à notre insu, le capitalisme croissanciste. Notre plasticité anthropologique nous aidera à y travailler collectivement, par des solutions non consuméristes ouvrant des horizons d’expérimentation radicale.
C’est de cette mutation humaine et d’un nouveau rapport à la mort, donc à la vie, que pourra émerger, grâce à une réconciliation avec notre finitude et celle de la Terre, une existence écologique post-capitaliste.Christian Arnsperger, économiste, est professeur à l’Université de Lausanne. Il interroge les dimensions anthropologiques de la croissance économique et les conditions de possibilité d’une transition écologique. Il a notamment publié Critique de l'existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l'économie (Cerf, 2005), Éthique de l'existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel (Cerf, 2009) et Écologie intégrale. Pour une société permacirculaire (avec D. Bourg, PUF, 2017).
Pendant des décennies, les nations africaines ont lutté pour la restitution d’innombrables œuvres d’art volées pendant l’ère coloniale afin d’être exposées dans des musées occidentaux. Bénédicte Savoy met en lumière cette histoire largement méconnue. Elle s’appuie sur de nombreuses sources inédites pour révéler que les racines de cette lutte remontent bien plus loin que ne l’indiquent les débats récents, et que ces efforts ont été menés par une multitude de militants et dirigeants des nations nouvellement indépendantes.
Peu après 1960, lorsque dix-huit anciennes colonies d’Afrique ont accédé à l’indépendance, un mouvement en faveur du rapatriement des œuvres a été lancé par les élites intellectuelles et politiques africaines. L’autrice retrace ces combats et examine aussi comment les musées européens ont tenté de dissimuler des informations sur leurs collections.
En expliquant pourquoi la restitution est essentielle à toute relation future entre les pays africains et l’Occident, ce livre pose les éléments du débat autour de ces questions cruciales pour le présent et l’avenir.Bénédicte Savoy est depuis 2009 professeure d’histoire de l’art à l’université technique de Berlin, où elle est titulaire d’une chaire consacrée à l’« Histoire de l’art comme histoire culturelle ». Elle est l’autrice de nombreux ouvrages, dont Patrimoine annexé. Les biens culturels saisis par la France en Allemagne autour de 1800 (Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2003), Nofretete. Eine deutsch-französische Affäre, 1913-1931. En 2018, elle a publié avec Felwine Sarr Restituer le patrimoine africain (Seuil/Philippe Rey).
L’heure est enfin venue de quitter Crowstone pour la famille Widdershins. Betty, Charlie et Fliss se réjouissent de s’installer à Pendlewick.
Mais le joli village n’est pas aussi paisible qu’elles le croyaient… Et lorsque Fliss adopte un comportement étrange, Betty et Charlie sont bien décidées à venir à bout du mal qui semble
peser sur la région. Quitte à traverser une forêt enchantée ou à braver de nouveau les marais.
Car aucune magie, si malfaisante soit-elle, ne pourra séparer les trois sœurs !
Un père agonisant en proie à la fièvre et au délire raconte sa jeunesse, son Grand Tour, les palais vénitiens peuplés de figures fascinantes et maléfiques, sa ruine et son plus beau voyage, la traversée à pied du fleuve Hudson gelé ; un fils encore enfant, assis au pied du lit, recueille, attentif, ces derniers mots hallucinés.
L'oeuvre d'Herman Melville, auteur magistral, incompris, bien trop en avance sur son temps et jugé fou et dangereux par certains critiques de l'époque, puiserait-elle sa source dans cet ultime legs paternel ?
S'interrogeant sur les méandres de la fiction, qui oscille sans cesse entre réalité et imagination, Rodrigo Fresán aborde sous un jour nouveau l'énigme de la vocation littéraire. À la fois biographie souvent inventée, roman gothique peuplé de fantômes et évocation d'un amour filial, Melvill condense tout le talent, l'humour et l'immense culture du grand écrivain argentin.
Traduit de l'espagnol (Argentine) par Isabelle Gugnon
« Mevill est une invocation, une "séance" : les voix du père et du fils traversent le temps pour parler d'échec et de génie, des mystères de la baleine et des vampires dans le ciel de la nuit. Fresán invoque les héritiers de la tristesse et de l'obsession d'une écriture hypnotique d'une rare beauté. Ce roman est une invitation à marcher sur la glace. » Mariana Enriquez
« Une écriture puissante et hypnotique » El Mundo
« Fascinant. » El País
« Passionnant pour les amateurs de Melville, mais aussi du pur Fresán. » La Vanguardia
« Une interprétation libre, totalement libre, débridée et très drôle de la relation entre Alan Melvill et son fils ». Juan Gabriel Vásquez
Rodrigo Fresán est né en 1963 à Buenos Aires. En 1991, il publie son premier livre, Histoire argentine, qui est aussitôt un best-seller. En 1999, il s'installe à Barcelone où il travaille comme critique littéraire. Nourri de culture anglo-saxonne, de Philip K. Dick à John Cheever, il impose, avec Les Jardins de Kensington, Mantra et Le Fond du ciel, une oeuvre vertigineuse, fertile en rêves et en visions, qui fait de lui un écrivain atypique, transgresseur et incontournable. Il a reçu en 2017 le prix Roger-Caillois et, en 2018, La Part inventée a été couronné aux États-Unis par le Best Translated Book Awards.
Après avoir vécu en Amérique latine, Isabelle Gugnon se consacre à la traduction d'auteurs de langue espagnole, parmi lesquels Antonio Muñoz Molina, Manuel Vilas, Juan Gabriel Vásquez, Rodrigo Fresán, Carmen Posadas et Tomás Eloy Martínez.
Au XIXe siècle, la France s’est lancée dans la colonisation de pays entiers en Afrique et en Asie. Quelles ont été les motivations et les méthodes de cette politique ? Comment les sociétés dominées ont-elles été bouleversées, et quel développement économique et social ont-elles connu ? La décolonisation est-elle achevée aujourd’hui ? Un Empire bon marché propose de nouvelles réponses à ces questions controversées.Grâce à un long travail d’archives et d’analyse statistique, l’ouvrage décrit ainsi avec une grande précision les États coloniaux et leur fonctionnement – à travers notamment la fiscalité, le recrutement militaire, les flux de capitaux et les inégalités. Il montre que l’empire a peu coûté à la métropole jusqu’aux guerres d’indépendance, et que les capitaux français n’ont pas ruisselé vers les colonies. La « mission civilisatrice » que la République française s’était assignée n’a donc pas débouché sur le développement des pays occupés, et c’est plutôt un régime à la fois violent et ambigu qui s’y est établi. De fait, le régime colonial a surtout bénéficié à une petite minorité de colons et de capitalistes français. Quant aux élites nationalistes, elles ont le plus souvent reconduit un État autoritaire et inégalitaire après les indépendances. En s'attachant à l’évolution des sociétés colonisées et à leur devenir, Denis Cogneau fournit une contribution majeure et un nouvel éclairage sur l’impérialisme, d’hier à aujourd’hui.
En pleine épidémie de Covid, dans une maternité déserte, je me suis demandé si mon fils allait naître dans un monde irrémédiablement appauvri, sans le droit de se toucher ni de se rencontrer. Le confinement a été levé, mon fils est né, mais les « gestes barrières » sont restés. J’ai découvert l’immense continent des gestes de la maternité, tour à tour libérateurs et aliénants. J’ai alors commencé à réfléchir aux architectures tactiles, celles qui nous entravent et celles qui nous portent, et à imaginer une archéologie du toucher. L’amour et la perte, la tendresse et la violence, la transmission et la rupture, la naissance et la mort : et si l’on racontait notre vie sous l’angle des gestes qui la composent ? Des mains heureuses qui nous font et nous défont ?C.R.Écrivain et documentariste, Claire Richard a notamment publié Young Lords. Histoire orale des Black Panthers latinos (L’Échappée, 2017) et Les Chemins de désir (Seuil, 2019). Son travail radiophonique (« Cent façons de disparaître », « Le télégraphe céleste ») lui a valu de nombreux prix nationaux et internationaux.
Ces quinze dernières années, plus de 2 000 femmes ont été tuées par leur (ex-)conjoint en France.
En 2020, 35 % des victimes de féminicide conjugal avaient subi des violences antérieures. Une défunte sur cinq avait porté plainte.
Entre 2015 et 2016, 82 % des plaintes et mains courantes déposées par des victimes de féminicide ont été classées sans suite. (Source : ministère de la Justice.)
Laurène Daycard a été l'une des toutes premières journalistes à écrire sur les féminicides conjugaux pour les faire sortir des rubriques « faits-divers » et les réinscrire dans le récit social et politique des violences sexistes. Dans cette enquête à la première personne, l'autrice nous emmène à la rencontre de survivantes et de familles endeuillées, mais aussi auprès des auteurs de ces actes. En observant et en échangeant avec ces derniers, Laurène Daycard tente d'aller à l'origine des féminicides et propose une réflexion personnelle sur la notion de réparation.
Laurène Daycard est membre du collectif de journalistes indépendantes Les Journalopes. Elle collabore notamment avec Mediapart, L'Obs et Libération.
La révélation de scandales liés aux stupéfiants alimente régulièrement l’actualité moyen-orientale. Mais sait-on que l’addiction de masse qui frappe l’Iran moderne trouve sa source dans une dépendance à l’opium diffusée depuis un demi-millénaire au sein de la société persane ? Que la position hégémonique sur le marché de l’héroïne qu’occupe aujourd’hui l’Afghanistan se fonde sur le choix d’un souverain modernisateur de développer, au début du siècle dernier, la culture du pavot ? Que le régime Assad, bien avant de devenir le principal producteur mondial de captagon, a longtemps joué un rôle névralgique dans les réseaux mondiaux d’héroïne, à partir des raffineries installées sous son contrôle au Liban ?
Au-delà de la mise en perspective d’une actualité brûlante, et loin des clichés culturalistes, l’ambition de ce livre est de remonter la trame historique du Moyen-Orient sous l’angle de la production et de la consommation des stupéfiants. Un fascinant voyage à travers les siècles, de l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine, en passant par les Abbassides et les Mamelouks, l’empire ottoman, ou encore l’expédition d’Egypte, avec pour guide l’un des meilleurs spécialistes de la région.
Une histoire de pouvoir et de société qui confirme, sur la longue durée, que « plus la répression est dure et plus les drogues le sont ». Une leçon à méditer.Jean-Pierre Filiu est professeur en histoire du Moyen-Orient à Sciences Po (Paris), après avoir enseigné dans les universités américaines de Columbia (New York) et de Georgetown (Washington). Ses nombreux ouvrages, régulièrement primés en France comme à l’étranger, ont été traduits dans une quinzaine de langues. Le plus récent, publié au Seuil, s’intitule Le Milieu des mondes, une histoire laïque du Moyen-Orient de 395 à nos jours. Sa chronique diffusée chaque semaine, depuis 2015, sur le site du « Monde » a déjà attiré des millions de lecteurs.
Comment filmer ce qui nous terrorise aujourd’hui ? Comment filmer ces nouveaux fanatiques d’une croyance autorisant la haine, le meurtre de tous ceux et toutes celles qui n’adhèrent pas à cette croyance ? Comment filmer cette actualité en saisissant le présent profond à l’oeuvre dans cette actualité ? Rossellini a su le faire avec Allemagne année zéro. Il a su filmer le noyau du nazisme : le mépris du père dans le mépris de l’homme faible, malade, mépris culminant dans l’autorisation de tuer ce père, de tuer celui ou celle dont la fonction est de dire la loi, d’interdire le meurtre. (24 octobre 2016)
Je remarque que j’écris moins souvent dans mon journal de travail. Je ne sais pas pourquoi. Au début, après l’échec de notre film Je pense à vous, j’ai écrit pour essayer de comprendre ce que nous avions fait et essayer de sortir de l’ornière dans laquelle nous et notre cinéma étions embourbés. Mon frère et moi ne cessions de discuter pour savoir que faire, comment faire, ou peut-être ne plus rien faire. Ce sont des condensés de ces échanges que je notais sans trop bien savoir pourquoi, sans doute pour nous donner
du courage, me donner du courage dans l’écriture de ce qui deviendrait le film La Promesse. [...]
Je vais donc sans doute continuer d’écrire ce journal pour nous aider, m’aider, dans l’écriture des scénarios mais aussi parce que je me rends compte que j’en ai besoin. C’est étrange, mais j’ai comme l’impression que sans lui, même si j’y écris moins souvent, je serais incapable de penser un film avec mon frère. C’est ma façon d’être à deux pour faire des films, mon frère a une autre façon, l’important étant que nous désirons tous les deux faire le même film. (30 décembre 2021)
L. D.
La médecine moderne a indubitablement accompli de grands progrès. Mais nous sommes entrés dans un dangereux processus de surmédicalisation, entraînant une dérive des capacités prédictives vers des soins injustifiés et parfois délétères.Cet ouvrage propose ainsi le nouveau concept de « non-maladie » pour désigner les situations où la médecine détermine une anomalie sans que le patient n’en ressente le moindre symptôme. Sa vie, cependant, peut être profondément affectée par ce type de diagnostic. C’est le cas de nombreuses anomalies génétiques, de certains cancers ou des écarts à des normes biologiques ou morphologiques arbitraires.Ce sont aussi, inversement, les multiples plaintes que les citoyens viennent déposer à la porte des cabinets médicaux, alors que l’intervention médicale y sera probablement inefficace ou nuisible.Or ces non-maladies prennent une place de plus en plus grande dans l’agenda des médecins, les programmes de recherche et le budget de la solidarité. Compte-tenu des contraintes de temps et d’argent, la prise en charge des malades se dégrade au point de menacer le niveau général de santé physique et mentale.Il s’agit là d’un excès de pouvoir biomédical, largement favorisé par les forces du marché et la mainmise des industries sanitaires sur les nouvelles formes d’évaluation de l’état de santé des individus. Distinguer les maladies des non-maladies devient donc un impératif pour notre avenir social et sanitaire.
La crise des démocraties est devenue un lieu commun. Partout dans le monde, et malgré les histoires et cultures politiques spécifiques de chaque pays, on assiste aux mêmes phénomènes : défiance face aux institutions, malaise dans la représentation, abstention record ou clientélisme lors des élections, multiplication des revendications de droits individuels, haine du pouvoir élu... Olivier Mongin reprend à nouveaux frais la question démocratique en s'inquiétant de ce qu'il diagnostique comme la disparition du politique. Les institutions ne garantissent plus le lien social, elles provoquent au contraire inégalités, divisions et violence. En « bas » comme en « haut », chaque plan est soumis à des contradictions insolubles, à des apories théoriques et pratiques qui imposent une nouvelle réflexion sur les médiations possibles. Alors que l'individualisme devient toujours plus radical, que l'étranger et le migrant sont perçus comme des dangers pour l'identité nationale, que le contrôle des citoyens et la violence policière s'aggravent, que les pouvoirs autoritaires et illibéraux surfent sur la vague populiste, ce livre cherche comment refaire de la politique en démocratie. Grand lecteur de Paul Ricoeur, Olivier Mongin trouve une source féconde dans sa pensée du pluralisme démocratique comme dépassement du « paradoxe politique » : source de violence, le politique est aussi, doit être, foncièrement, projet de réduction de la violence.
Directeur de la revue Esprit de 1988 à 2019, Olivier Mongin a été éditeur au Seuil et chez Hachette. Il co-préside l`association Paul Ricoeur à Paris. Il a publié entre autres une trilogie des passions démocratiques, des ouvrages sur la vie intellectuelle et politique, sur Paul Ricoeur, sur le cinéma, et sur l'urbanisation.
Préface de Frédéric Worms
Années 2010, un journaliste vit de l’intérieur les convulsions de l’entreprise de presse pour laquelle il travaille depuis un certain temps : rachat, brutalité managériale, obsession du profit envers et contre tout... À l’occasion d’un plan de départs volontaires, il prend ses cliques et ses claques en saisissant au vol une opportunité de reconversion professionnelle. Mais, dans les méandres des organismes de formation qui sont un business à part entière, rien ne va se passer comme prévu, sous le regard de l’ex-homme d’information qui est aussi poète à ses heures perdues.Au fil de ce roman, Eric Faye brosse le tableau d'une classe moyenne incapable de résister à l'offensive néo-libérale et de se mobiliser lorsqu'elle est attaquée.Né en 1963, Éric Faye, ancien journaliste, est l'auteur de romans, nouvelles, récits de voyages et essais. Son recueil de nouvelles fantastiques, Je suis le gardien du phare (José Corti, 1997), a été couronné du prix des Deux-Magots. Il a été lauréat du Grand Prix du roman de l'Académie française pour Nagasaki, paru en 2010 et traduit dans une vingtaine de langues. Il suffit de traverser la rue est son douzième roman.
« Vos banques de données sont pleines à craquer des mêmes catégories éculées dans lesquelles vous aviez un jour vu une menace : extrême gauche, extrême droite, salafistes, islamistes, terroristes, fascistes, altermondialistes, anarchistes, nationalistes, souverainistes, passéistes, et j’en passe. Vos cerveaux en sont saturés. Vos schèmes mentaux s’en sont figés. Il n’y a plus de place là-dedans pour les nouveaux clivages qui apparaissent. »Qui sont les Cinq Soeurs ? Et que cachent-elles ? En nous narrant les dernières tribulations de Harry Boone, le plus nonchalant des agents secrets, Percy Kemp, qu’anime semble-t-il le même esprit qui avait inspiré John le Carré, nous livre là un roman d’espionnage qui, tout comme dans la métaphore de l’oignon, se lit en épluchant une couche de duperie après l’autre, une poupée russe en cachant immanquablement une autre. Page après page il n’a de cesse de nous surprendre et de nous régaler de son humour, de son intelligence et de son sens du suspens.« Si les gens n’ont plus peur de vous, disait Lao Tseu, c’est sûrement qu’un pouvoir plus grand se profile à l’horizon. »
« Sur la photo, c’est sa physionomie qui captive. Un petit nez rond et des bonnes joues mais une morgue et des yeux durs, des yeux qui te voient là où tu ne veux pas être vue… Tout dans ce visage dit à la personne qui regarde : “Dégage.” Il est impossible de s’en détourner. Tu y es ventousée. Fascinée par le caractère hostile de la pose et la beauté farouche du modèle, débarrassé de toute politesse. »Qui est cette femme-enfant au regard frondeur ? Jeune Russe exilée en Belgique, Marina Chafroff fut, sur ordre de Hitler, décapitée à la hache en 1942.Cette mère de famille au courage extraordinaire, sacrifiée pour que vivent des innocents, aurait dû marquer l’Histoire. Elle est pourtant tombée dans l’oubli. Comment a-t-elle été
refoulée de nos mémoires ?Au fil d’un récit aux résonances intimes, plein de coïncidences et d’impasses, Myriam Leroy ressuscite le destin fulgurant d’une météorite dans le ciel de la Seconde Guerre mondiale.Un roman intense et habité où 1942 et 2022 se superposent en deux calques troublants reléguant toujours les femmes à l’arrière-plan.Myriam Leroy, née en 1982, est journaliste, écrivaine et dramaturge. Elle vit à Bruxelles. Le Mystère de la femme sans tête est son troisième roman, après Ariane (Don Quichotte,
2018, finaliste du prix Goncourt du premier roman) et Les Yeux rouges (Seuil, 2019).
Comment se faire un nom ?
Comment émerger de la masse ?
Comment s’arracher à son insignifiance ?
Comment s’acheter une notoriété ?
Comment intriguer, abuser, écraser, challenger ?
Comment mentir sans le paraître ? Comment obtenir la faveur des puissants et leur passer discrètement de la pommade ? Comment évincer les rivaux, embobiner les foules, enfumer les naïfs, amadouer les rogues, écraser les méchants et rabattre leur morgue ? Comment se servir, mine de rien, de ses meilleurs amis ? Par quels savants stratagèmes, par quelles souplesses d’anguille, par quelles supercheries et quels roucoulements gagner la renommée et devenir objet d’adulation ?Lydie Salvayre a écrit une douzaine de romans, traduits dans de nombreuses langues, parmi lesquels La Compagnie des spectres (prix Novembre), BW (prix François-Billetdoux) et Pas pleurer (prix Goncourt 2014).
Un père veut rejoindre sa femme sur une île, il est en compagnie de sa petite fille de 5 ans à laquelle il n’a pas pu consacrer autant de temps qu’il aurait voulu lors de ces premières années de paternité. Arrivés au port d’embarquement pour le dernier tronçon en ferry, tout se complique. Une foule attend. Des menaces planent. C’est la cohue. In extremis, le père et sa fille trouvent refuge dans un hôtel où tous les clients sont bientôt confinés. Face à sa fillette, dans le huis clos de la chambre, le père ressent sa profonde tendresse pour elle, mais aussi ses regrets, et une forme de culpabilité. La relation ambiguë qu’il établit avec la jeune responsable de l’établissement ne fait que raviver son sentiment de faute. Au téléphone, l’épouse et mère patiente, puis s’inquiète. Ils sont si près. Ils sont si loin. Finalement, le narrateur prend le risque de s’aventurer en bateau, malgré une mer déchaînée. À quoi tient la vie ?